DEMO MAKING

 

Qu'est ce qu'un "demo-maker" ?

Le terme est utilisé pour décrire un individu qui est passionné à tel point par la programmation et sa machine qu'il veut utiliser ses connaissances pour faire le truc le plus beau et le plus invraisemblable sur son ordinateur préféré. En général, "le truc", alias une "démo", ressemble à une sorte de clip vidéo et musical, à l'exception près que tous les effets psychédéliques ne sont en général pas de bêtes images déjà préparées. L'ordinateur calcule chacune des images en temps réel. En fait, la capacité limitée en mémoire vive (la ram), en disque, et en vitesse de processeur, empêche de faire des démos comportant uniquement des successions d'images pré-calculées. Cette méthode est d'ailleurs mal considérée par les puristes techniques, puisqu'il n'y a aucun mérite à afficher des images déjà faites les unes après les autres plutôt que de calculer en temps réel chacune d'elles.

En général, les demo-makers connaissent leur machine à fond. L'intérêt de ces vieux micros réside dans ses... limitations! Il faut ruser et se casser la tête pour arriver à faire des choses réputées "impossibles" par les constructeurs. Dans les années 80-90, de nombreux principes ont vu le jour, et la programmation pouvait être élevée au rang d'art, tellement la volonté de toujours aller plus loin repoussait les limites techniques. C'est là que sont nés les algorithmes 3D ultra-optimisés, les ".MOD" (un format musical très optimisé longtemps inégalé). Encore aujourd'hui, chaque contrainte technique pousse les programmeurs de ces machines à des trésors d'ingéniosité. La différence entre un bon et un mauvais programmeur est flagrante. Ce qui est loin d'être le cas sur le PC.

Le monde du PC, avec ses gigas de Ram, de Disque, et de Vitesse, a écrasé ce monde et cette philosophie comme un rouleau compresseur. On ne peut plus faire la différence entre un mauvais et un bon programmeur, car l'utilisateur n'a plus aucune base de référence. Il ne sait pas si c'est normal ou pas que son super-pc à 3800Mhz mette 10 heures pour compresser un dvd, et s'extasiera aussi bien devant un "film" en images de synthèse qui occupe 300 méga-octets (307200 kilo-octets) que devant un programme qui fait la même chose en 50 kilo-octets, car il ne sait même pas comment cela fonctionne... Le PC est un gros marteau pour enfoncer des punaises. Il n'est plus important d'optimiser sur une machine où aucun PC n'est identique à son voisin et évolue à chaque minute.. En ce sens, c'est sans doute un grand frein à l'ingéniosité.

Comparaison rapide entre le CPC et un PC actuel

  Amstrad CPC 6128 mon PC à moi (une brouette en 2005) Rapport
Vitesse du processeur 4Mhz 2330 Mhz 584 fois +
Mémoire vive (ram) 131072 octets 1073741824 octets 8192 fois +
Mémoire de masse (disk) 182272 octets (1 face) 268435456000 octets 1472719 fois +

Si on ajoute à cela que la mémoire vidéo du CPC fait partie de sa mémoire vive (contrairement au PC où il faudrait encore rajouter 33554432 octets), que les processeurs actuels, à vitesse équivalente, sont 10 fois plus puissants que les vieux processeurs comme le Z80A, et qu'en plus, ces processeurs sont assistés par une foule de coprocesseurs, on peut légitimement se demander à quoi sert cette puissance si on regarde de quoi était déjà capable un CPC bien programmé...

Voici à quoi ressemble le CPC 6128...

61286128

...et son malheureux successeur, le CPC 6128+

Amstrad PlusAmstrad Plus

Je précise tout de même que l'ordinateur est intégré avec le clavier et le lecteur de disquette, au cas où les photos ne seraient pas assez explicites... Cette machine a eu quelques années de gloire, succédant à ses petits frères, les CPC 464 et 664, et précédant des machines mortes-nées à cause de la politique commerciale Amstrad, les CPC+. Signalons au passage que le CPC 464 de base lisait et enregistrait ses programmes sur de simples cassettes audio, à une vitesse d'escargot.

Pour revenir aux demo-makers, le challenge technique visuel et sonore a augmenté et confirmé que l'union fait la force.

Chaque individu est connu sous un pseudonyme de "guerre", qu'il soit programmeur, graphiste ou musicien (voire la combinaison de plusieurs de ces qualités), Plusieurs individus forment un "groupe" et oeuvrent à sa notoriété. C'était le cas de Logon System, créé en 1988 et qui a duré jusqu'à 1993. Parfois même, des "alliances" se forment entre "groupes" pour la réalisation de projets communs. Tous les individus travaillant sur une machine appartiennent à ce qu'on appelle une "scène".

Il existe ainsi une scène par machine, en l'occurence dans notre cas la "scène cpc".

Ces scènes existent encore, et une poignée de vaillants passionnés nostalgiques des "années folles" s'éclate encore sur ces antiquités. Il ne faut cependant pas s'y tromper, les personnes ne sont pas que des vieux de la vieille et toute une nouvelle génération de jeunes se passionne pour ces machines et pour l'ambiance particulière qui y règne. D'ailleurs, cela n'empêche pas beaucoup de ces passionnés de travailler dans des secteurs de pointe (jeux vidéos, électronique).

Les démos sont gratuites et circulent donc très rapidement dans le monde, surtout avec l'aide d'internet aujourd'hui. Cependant, des "meetings" sont encore organisés pour que tous les groupes, voires plusieurs scènes se regroupent. Ces "meetings" attirent des passionnés de toute l'europe et les plus grandes scènes (amiga, par exemple) voyaient débarquer des milliers de personnes avec concours et support médiatique à la clé. La "scène cpc" était assez modeste, mais semble avoir bien résisté à l'érosion du temps.

Une définition plus générale du démomaking est disponible ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Demomaking